Edito
Le 25 janvier 2017, le Canard Enchaîné publiait : « Les 600 000 € gagnés par Penelope qui empoisonnent Fillon ». Le candidat, à qui l’Elysée tendait les bras, ne sera finalement pas qualifié pour le second tour. Le 3 avril 2016, le Consortium International des Journalistes d’Investigation entreprend la publication des Panama Papers. Le 5 avril, le Premier ministre islandais Gunnlaugsson, empêtré dans le scandale, démissionne. Ce ne sont que deux exemples parmi tant d’autres qui montrent les implications concrètes que peuvent avoir des publications journalistiques dans la société. Les journalistes ont en effet un réel pouvoir : à travers le traitement et la hiérarchisation de l’information, de par les enquêtes qu’ils mènent, précédant parfois le juge, ou encore en publiant des tribunes présentant des idées. Plus généralement, un média est souvent l’occasion de présenter une certaine vision de la vérité. Pour toutes ces raisons, la possession des médias est un enjeu essentiel. C’est d’ailleurs dans cette optique que dans les années 1930, les différentes factions politiques se sont dotées d’un organe de presse. Encore aujourd’hui, on voit la création de nouveaux médias liés à un parti, comme Le Média de la France Insoumise. On peut critiquer leurs partis-pris. Néanmoins, rappelons que le journalisme n’est pas objectif, et c’est justement son intérêt. Ce sont l’analyse et l’explication des faits contenus dans les articles et les reportages qui sont intéressantes. Alors oui, les analyses traversent souvent des filtres partisans, mais ce n’est pas un problème tant qu’elles ne se targuent pas d’être neutres ou d’être l’unique explication valable. Par ailleurs, les médias politisés – ou bien les éditos et tribunes – permettent la divulgation d’idées. En confrontant plusieurs points de vue sur un même sujet, les citoyens peuvent construire leur propre opinion ce qui nourrit le débat démocratique. Le journalisme contribue au bon fonctionnement de la démocratie d’une autre manière, en exerçant le rôle de contrepouvoir face notamment à l’exécutif, au législatif et au judiciaire. De nombreuses enquêtes journalistiques sont restées célèbres pour s’être attaquées à des secrets d’Etat, ou à des dissimulations de grande ampleur. Citons par exemple le Watergate, ou les Paradise Papers. Les journalistes n’ont pas hésité à s’attaquer aux secrets des hommes politiques ou des entreprises multinationales. Ainsi, en dehors du cadre étatique, les journalistes jouent un rôle de contrôleur du respect des lois avant l’intervention du juge. C’est essentiel dans le monde d’aujourd’hui, où certains acteurs économiques ont plus de pouvoir que les Etats. Dans les pays qui ne sont pas des démocraties, le journalisme a également un rôle important. En effet, ce sont souvent les seuls à pouvoir rendre compte de ce qu’il s’y passe. En recueillant la parole des opposants, ils permettent une certaine conservation des droits de l’opposition. D’autre part, en montrant les violations du droit, ils rappellent que ce ne sont pas des démocraties, contre ce que les gouvernements peuvent parfois affirmer. Après un numéro axé sur la démocratie, quoi de plus logique de consacrer à présent un dossier central au journalisme. Toutefois, ce magazine va aborder plein d’autres sujets. On peut saluer l’arrivée de la rubrique Internationale notamment. Alors installez-vous confortablement, saisissez votre Propos et lisez. Vous verrez, c’est bien.
SOMMAIRE
A LA UNE – Journalisme, je crie ton nom !
L’Interview : Edwy Plenel, le crieur de nouvelle – Florian Martinez
Journalistes, ils nous racontent leur profession – Florian Martinez, Eva Moysan & Laure Solé
Cette presse qui oppresse – Laure Solé
De la vie économique des médias – Félix Buhler
Audiovisuel de service public : médias de gouvernement ? – Eva Moysan
Les lanceurs d’alertes gagnent en reconnaissance – Jérôme Flury
Le Média, un journal politisé pour des avis divergents – Nino Toussaint
Fiche métier : être journaliste en Turquie – Camille Larminay
TRIBUNES LIBRES
L’orientation des étudiants : un problème de société ? – Agathe Kupfer
Du sang mais pas du cul : la censure de l’audiovisuel français – Félix Buhler
Il était une fois la bidoche – Marie-Laure Gardaz
INTERNATIONAL
La radicalisation islamiste en Asie centrale – Maxime Morlet
Le renseignement européen : la coopération à l’épreuve de la méfiance – Adrien Legendre
Pyeongchang : les olympiades de la réconciliation ? – Daoud Jost-Serhir
SPORT
Des Jeux Olympiques sans la Russie (mais pas sans les Russes) – Emile Formery
L’important c’es d’organiser – Jérôme Flury
DIVERTISSEMENT
De la composition d’une promo Sciences Po (1) – Camille Larminay
Mots-Croisés – Charles Guimier & Daoud Jost-Serhir
Weil à tes Propos – La rédaction
Version Numérique